vendredi 5 mars 2010

L'esprit de l'Aïkido


 


L’Aïkido permet de s’adapter. Face aux changements rapides et nombreux imposés par la société actuelle, l’Aïkido est non seulement un fabuleux tampon à stress, mais aussi une véritable école de souplesse mentale. Face aux déséquilibres constants suscités par la vie familiale ou professionnelle modernes, l’Aïkido apporte une harmonie et une énergie autorisant un fonctionnement normal dans des contextes finalement assez anormaux.

Plus encore, l’Aïkido aide l’individu à vivre ici et maintenant, et à profiter dans l’instant de chaque moment, par essence transitoire, de l’existence. Au contraire de l’homme névrosé qui croit que son bonheur dépend de l’accumulation de ses possessions, l’aïkidoka comprend qu’il ne vivra pleinement qu’en étant en phase avec le mouvement constamment changeant de la vie. Ainsi capable de s’adapter aux fluctuations de l’existence, cet individu gagne l’indépendance.



Fondé par Morihei Ueshiba (1883-1969), l’Aïkido, dont le nom est tiré de Aï (harmonie), de Ki (énergie), et de Do (voie), est la voie de l'harmonisation des énergies.

Directement inspiré par les plus grands maîtres, Ueshiba créa là un art martial dans lequel l’arrière plan philosophique et spirituel était très important, et duquel la recherche de la paix et de la fraternité n’étaient pas absentes non plus.

Certes, la part de la légende est grande, en ce qui concerne la genèse de l’Aïkido, mais ce que l’on ne peut nier c’est l’implication de Ueshiba dans la Tradition spirituelle universelle et, plus particulièrement, dans les religions du Japon.

La première, le Shinto, insiste très nettement sur la pureté et la purification, d’où une grande propension des Japonais à la propreté, à l’abstinence ou aux offrandes.

La deuxième, le Bouddhisme, repose essentiellement sur la nécessité de s’affranchir de l’illusion et de la souffrance qu’elle engendre, notamment en prenant conscience de l’impermanence de tous les phénomènes.

L’influence du Taoïsme, également, n’est pas absente de l’Aïkido, avec son principe unique s’exprimant dans le mouvement Yin-Yang, et sa recherche de la perfection.

Le Confucianisme, lui aussi, intervient dans les aspects les plus sociaux de l’Aïkido, depuis le contrôle constant de soi-même, jusqu’au respect des rites et de l’ordre.

Enfin, le Bushido, la Voie du guerrier, d’ailleurs directement issue du Confucianisme, reste importante dans l’Aïkido comme dans tous les arts martiaux. Cela dit, l’influence du Bushido ne s’est évidemment pas exercée dans le sens du mépris de la vie d’autrui, tel qu’il existait indéniablement chez les Samouraï et tel qu’il serait complètement incompatible avec l’aspect Zen de l’Aïkido, mais bien au contraire dans le sens du détachement vis-à-vis de sa propre vie et des biens de ce monde.


Retourner à soi-même

Art martial du 20ème siècle, l’Aïkido, pour le moins qu’on en puisse dire, convient tout particulièrement à l’occidental moderne. Jamais, en effet, l’homme n’avait été aussi affairé, ni n’avait rejeté avec autant d’acharnement la connaissance de lui-même. Jamais, non plus, il ne s’était senti aussi mal dans sa peau, avec la très désagréable impression de passer à côté de sa propre vie. Pire encore : à cette angoisse il oppose alcoolisme, tabagisme ou excès de médicaments psychotropes, et finit ainsi par épuiser toute son énergie et à plonger dans une dépression dont le nombre de cas augmente de jour en jour.

Fort heureusement, il arrive parfois que les philosophies ou les techniques orientales croisent le chemin de cet Occidental stressé, et lui enseignent une certaine sérénité.

Dans le cas de l’Aïkido, le premier enseignement porte sur la capacité à s’adapter ou, mieux encore, à s’identifier à l’attaque, plutôt que céder à la facilité de s’y opposer et de résister. Ne serait-ce que cette aptitude est suffisante à déterminer un apaisement radical de la tension engendrée par les résistances constantes que l’Occidental a pris l’habitude d’opposer à autrui, aux changements, aux événements, à l’inconnu, etc.

Le second enseignement concerne le mouvement de retour à la source de soi-même, qui s’acquiert au fil de la pratique. Cette introversion de l’attention amène l’individu non seulement à une plus grande connaissance de ses possibilités réelles, mais aussi à un relatif détachement vis-à-vis du monde extérieur.

Bien sûr, il ne s’agit pas de confondre l’Aïkido avec la voie du moine errant ou de l’ascète. Le propos reste ici d’être dans le monde, mais d’y être dans la plus grande harmonie possible… même lorsque, comme c’est le cas de nos jours, le monde est devenu particulièrement inharmonieux. En fait, c’est véritablement à une prise de conscience des illusions entretenues par un esprit trop conforme au moule psychosocial, que cet Aïkido, si profondément inspiré par le Zen, peut amener le pratiquant. En d’autres termes, plutôt que de continuer à souffrir personnellement des incohérences du système socioculturel, l’individu en découvre progressivement les mécanismes, et s’en rend libre.

Et c’est donc en toute connaissance de cause, qu’il entreprend désormais ses actions, soit en refusant de participer à ce qu’il juge par trop malsain, soit en maîtrisant ses facultés et en s’adaptant au mieux à chaque situation.


L’individuation

Ce à quoi tend la pratique de l’Aïkido, c’est à détruire progressivement les images que l’on s’est fait de soi-même, pour laisser la place libre au véritable soi.

En cultivant un certain calme méditatif, l’adepte descend en lui-même jusqu’à parvenir à s’identifier avec son être global qui, seul, est capable de l’action unifiante qui spécifie la pratique de l’art martial.

Il ne devrait donc être nullement question, dans l’Aïkido, de travailler la cohérence du geste pour atteindre à l’efficacité, mais bien de découvrir la véritable identité de l’être, avec, pour conséquences, la cohérence et l’efficacité.

En effet, qui se connaît s’unifie, devient un véritable individu, au sens étymologique du terme, c’est à dire un soi indivisible ; et par conséquent parvient à harmoniser ses différentes fonctions, puis à canaliser l’ensemble de ses énergies vers un but unique : l’unification, plus large, de l’individu avec le cosmos… et, bien sûr, avec ses semblables.

Ce que recherchait Ueshiba, en créant l’Aïkido, c’était bien une méthode qui permette de prendre conscience de son individualité, de l’harmoniser et de la fusionner dans une Conscience plus grande.

Dans un premier temps, l’adepte va évidemment pouvoir laisser s’exprimer ses tendances les plus négatives, mais dans des situations où il lui sera possible de percevoir à quel point elles s’avèrent inappropriées. A force de remettre ainsi en cause son ego, le pratiquant commencera à mieux le cerner, à mieux le définir et, partant, à mieux le discipliner. Au bout d’un certain temps, désir de puissance, agressivité, égoïsme et autres tendances malsaines s’assagiront ; et le moi pourra s’intégrer tout naturellement dans un ensemble de tendances plus saines, telles que la fraternité et la solidarité.

Et c’est, enfin, au-delà de ce stade que peut commencer la quête de l’harmonie universelle.



Jean-Baptiste Loin

Bio et bien être
Bien Etre
Massage - Video Massage
Blog
annuaire blog

jeudi 4 mars 2010

Yoga et danse




Une interview de Sivaselvi et Ajit Sarkar du Soleil d'Or

Ajit et Sivaselvi Sarkar dirigent à Paris le Soleil d’Or, une association 1901 dont le but est de faire connaître la culture indienne, en donnant notamment de nombreuses conférences, mais surtout en enseignant la danse, l’Ayurvéda et les exercices de yoga. 

Disciples d’Aurobindo, les Sarkar tiennent à préciser en quoi la danse indienne, comme tous les arts traditionnels de l’Inde, s’inscrit dans cette démarche spirituelle plus globale que l’on appelle « Yoga ».


Le Soleil d’Or mérite pleinement son titre «d’association de Yoga et de culture indienne», puisque ses activités regroupent effectivement de très nombreux aspects de cette immense culture. 

Tout d’abord, bien évidemment, ce sont des cours d’asanas et de pranayama qui sont donnés aux élèves ; ainsi que de solides formations aux futurs enseignants de yoga. 

Mais l’association forme aussi des « éducateurs de santé », au sens donné à ce terme par l’Ayurvéda. D’une manière plus générale, chacun peut se former au massage familial et thérapeutique. 

Relaxation, Sophrologie, gymnastiques douces et méditation sont encore au programme, car on intègre le plus possible de techniques modernes afin de profiter de certains aspects psychothérapeutiques ou physiothérapeutiques qui n’avaient jamais été  développés en Inde. 

Le Varma Kalai, l’art martial indien, est bien sûr pratiqué ; mais surtout les danses indiennes, le Bharata Natyam du sud, et le Kathak du nord, accompagnées des chants du nord et du sud, et des percussions. 

Il va sans dire que la formation de Yoga s’accompagne de conférences sur les Védas, les religions de l’Inde et la culture indienne. Mais attention : aucun prosélytisme pour la philosophie d’Aurobindo ne transparaît dans les enseignements diffusés au Soleil d’Or.


Qu’est-ce que le Yoga ?
 
Un petit malentendu s’est installé en Occident, où l’on croit que le Yoga est un système d’exercices, alors qu’en fait c’est un état. Plus exactement, le Yoga consiste à réaliser l’Union entre soi et ce Principe de Conscience éminent que, dans les religions, on appelle « Dieu ».
 
Selon la pensée indienne, la Conscience peut être vue sous deux aspects : Purusha, c’est à dire l’Absolu, l’Incréé statique, qui est masculin ; et Prakriti, la manifestation, la création dynamique, qui est féminin. 

On sait que, pour le Chrétien, le Créateur est en dehors de la création ;  mais dans le concept indien, Il est concomitamment la création. 

Le Yoga consiste donc à réunir la créature au Créateur, autrement dit à découvrir ce que nous sommes réellement, au niveau le plus profond. Pour cela, des Voies, comme autant de modes de vie, ont été développés dans la plus haute antiquité, jusqu’à ce que, un peu plus tard, lors de la période de décadence de la civilisation indienne, différentes méthodes et techniques de yoga viennent les remplacer.
 
Auparavant, aux temps védiques, toute vie était Yoga ; mais ensuite, on a peut-être mal compris la notion de Maya, l’illusion.

 
En quoi consisterait donc l’illusion… et la réalité ?
 
Pour les Indiens, la Réalité Fondamentale, c’est la Conscience Absolue. Quant au monde dans lequel nous vivons,  il peut aussi être considéré comme une réalité, mais, en quelque sorte, en tant qu’ombre de la Réalité Absolue. Il est donc licite de dire que ce monde est une illusion, mais ceci n’implique pas qu’il faille le fuir pour parvenir à l’Union.
Hélas, durant l’époque de décadence dont j’ai parlé, la compréhension de cette notion d’illusion se pervertit ; et les religieux ont imaginé qu’en échappant à ce monde illusoire on parvenait à la béatitude.

 
Vous voulez dire qu’il s’est instauré un dualisme dogmatique ?
 
Nous vivons dans un monde de dualité avec, à l’origine, la séparation entre Conscience et énergie, entre Purusha et Prakriti. Mais ça ne veut pas dire qu’il faille abandonner l’un pour l’autre. Or, la réflexion erronée, à laquelle certains philosophes se sont livrés, a consisté à penser que, puisque Dieu est l’Absolu, il s’avérait finalement inutile de souffrir dans ce monde, et qu’il valait mieux s’en évader le plus rapidement possible pour rejoindre l’état béatifique. C’est à partir de ce moment qu’il y eut séparation entre vie matérielle et vie spirituelle.
 
Voilà pourquoi le spiritualisme s’est développé en Inde. Et c’est d’ailleurs pour les mêmes raisons de dichotomie entre esprit et matière que s’est développé le matérialisme en Occident.
 
Mais aujourd’hui, notamment à travers le message d’Aurobindo, peut-être commence-t-on à revenir à l’ancienne idée védique qui jugeait judicieux de rechercher la Conscience dans la manifestation.
 
Selon Aurobindo, la manifestation suit  un processus évolutif dans lequel l’homme n’est pas la dernière étape… puisque notre espèce a, certes, atteint une certaine forme de conscience, mais que ce n’est pas encore la Conscience Absolue.
 
Pour y parvenir, ce que propose Aurobindo, c’est de diviniser le monde, d’exprimer la Conscience Divine ici-bas.
 

Et c’est cela le Yoga !

 
Quand vous parlez de Yoga, vous incluez tous les yogas ?
 
Tout à fait ! Le Yoga commence, dans l’évolution, lorsque l’homme prend sa vie en charge pour trouver l’Unité en lui-même, ce que n’était pas capable de faire l’animal. Le Yoga de cette première époque restait global, puisqu’il n’avait  encore subi aucun éclatement en systèmes.
 

Ce n’est qu’après, durant la période de décadence, que ce que l’on appelle aujourd’hui Raja-yoga, Jnana-yoga, Bhakti-yoga, Karma-yoga ou Hatha-yoga ont été inventés.
 

C’est Patanjali qui, le premier, a codifié le Yoga et créé le Raja-yoga où il était question de maintenir le corps dans un bon état de santé afin de favoriser la concentration et la méditation.
 
A présent, ce qu’Aurobindo propose pour l’époque moderne, c’est un Yoga Intégral. On ne peut plus, en effet, pratiquer le véritable Hatha-yoga, car il faudrait ne pas avoir besoin de gagner sa vie, et se consacrer à cette discipline à plein temps. Mais il reste possible  d’extraire du Hatha-yoga tout ce qui permet le perfectionnement physique. De la même manière, on peut prendre dans le Raja-yoga les techniques utiles à calmer le mental, ou à augmenter et orienter l’énergie ; et retenir, dans le Bhakti-yoga, la purification affective ; dans le Jnana-yoga, la perfection de l’intellect ; ou encore, dans le Karma-yoga, la juste pratique de l’action, accomplie avec amour et intelligence…
 
Le Yoga Intégral d’Aurobindo n’est donc pas basé sur une méthode sophistiquée, mais sur le choix des techniques qui conviennent à chacun pour trouver la triple perfection : physique, affective et mentale.

 
Mais comment peut-on savoir quelle technique particulière nous convient le mieux ?
 
Pour arriver à la perfection physique, par exemple, on peut, bien sûr, utiliser les postures de Hatha-yoga. Mais n’importe quelle discipline sportive, à condition de la pratiquer dans l’esprit du Yoga, c’est à dire sans compétition, peut faire l’affaire.
 
Si quelqu’un aime le footing, qu’il pratique le footing ! Mais s’il a des problèmes de dos, les postures seront beaucoup plus efficaces.
 
En fait, toutes les activités humaines, du ménage à la création artistique, en passant par le travail, l’hygiène, la vie affective, l’alimentation, etc., sont susceptibles d’être intégrées dans la démarche du Yoga, tant que l’on garde pour objectif la quête de soi, et l’obtention de l’harmonie en soi et autour de soi.
 
Il suffit simplement d’adapter la pratique aux besoins et aux centres d’intérêt de chacun. Tout le monde n’aime pas les postures, mais il ne faut pas abandonner le perfectionnement du corps pour autant. Personnellement, je ne considère pas que les postures soient la seule solution pour trouver son équilibre ; mais je dirais qu’elles restent quand même la meilleure.

 
Et au-delà de la perfection physique ?
 
C’est précisément là que vont intervenir les arts, et notamment la danse. Il est en effet indispensable de pratiquer une activité artistique pour développer l’émotionnel et l’esthétique. En Inde, tout le monde sait que  les émotions se canalisent par le chant, la danse et les autres arts traditionnels ; et, d’une certaine manière, on peut utiliser ces techniques comme des psychothérapies.
 
Mais, plus encore que dans une visée psychothérapeutique, l’art se pratique surtout dans le but de s’unir avec la Divinité, et cela aussi bien dans l’art sacré que dans l’art populaire.
 

En réalité, ce n’est pas tellement l’art qui est important, mais la manière dont on s’en sert. Une activité artistique doit être au service du développement de l’équilibre.
 
Et, dans cette perspective, la danse est un des arts les plus complets. Elle permet notamment de s’exprimer corporellement, émotionnellement, mentalement - car on a besoin de beaucoup de concentration - et même intellectuellement dans la mesure où elle était traditionnellement utilisée pour transmettre à la population les grands mythes de l’Hindouisme, qui constituaient la version populaire des Védas et des Upanishads.
 
Cette mission civilisatrice voulait que le Guru, jadis, dans les domaines de la musique et de la danse, soit aussi considéré comme un Guru spirituel. C’est encore en partie vrai dans l’art indien authentiquement traditionnel -  et surtout dans la danse - tant qu’est respectée la double nécessité de se perfectionner physiquement et de transmettre au public l’Unité transcendante vécue par la danseuse.

 
Le Mudra n’est-il pas essentiel, dans cette transmission ?
 
Dans cette discipline artistique exigeant la maîtrise du corps, la maîtrise de la technique et la maîtrise de la coordination, tout intervient, depuis les expressions du visage jusqu’aux mouvements du bout des doigts…
 
Le rythme est également primordial, car toute création procède d’un rythme. Shiva est considéré comme le créateur de la danse ; or, il joue du tambour, qui marque le rythme de la vie. C’est ce même rythme que l’on reproduit dans la danse, en tapant des pieds.
 
Et bien sûr, la musique, sans laquelle la danse n’existerait pas, s’impose aussi comme un apprentissage indispensable à la danseuse.
 
Accompagnant la musique, le chant sert évidemment à porter le texte. Ces chants sont, la plupart du temps, dévotionnels, et décrivent un Dieu personnalisé avec lequel s’entame une relation de l’amour. En fait, tous les chants d’amour, dans cette tradition, sont plutôt dédiés au Dieu.
 

Mais, effectivement, le texte est aussi interprété par les Mudras, c’est à dire par un langage des mains assez comparable au langage des sourds-muets, et qui permet donc de raconter une histoire sans paroles.
 
Enfin, on peut exprimer beaucoup de chose avec le visage… à condition, bien sûr, de travailler le ressenti.
 
En résumé, on parle de quatre sortes d’expressions : l’expression corporelle, avec toutes les parties du corps ; l’expression par les paroles et la musique ; l’expression par le décor, avec les costumes, les ornements et le décor de la salle ; mais le plus important reste naturellement l’expression de l’être, du vécu. 


Pour revenir sur les Mudras, ne les retrouve-t-on pas aussi dans le Yoga ?
 
Dans la danse, le Mudra est tout d’abord un langage, qui s’accompagne secondairement d’un aspect énergétique. C’est tout à fait comparable aux rituels où l’on retrouve d’abord la symbolique, puis l’énergétique.
 

Dans le Yoga, par contre, le Mudra est avant tout énergétique. Cela dit, les Mudras du Yoga ne sont pas exactement les mêmes que dans la danse.
 
Bien sûr, dans la danse comme dans le Yoga, si le Mudra n’est pas bien formé, il manque d’énergie. Il faut donc bien placer les doigts pour faire passer l’énergie.
 
Mais dans la danse, pris isolément, le Mudra ne veut rien dire. Il ne prend son sens qu’inséré dans le contexte, avec le texte, l’expression et l’attitude du corps…
 
Propos recueillis par Jean-Baptiste Loin 

Bio et bien être
Bien Etre
Massage - Video Massage
annuaire blog
Blog

mercredi 3 mars 2010

Taï Chi Chuan




Une interview de Vlady Stevanovitch

Maître incontesté du Tai Chi Chuan de la Voie Intérieure, Vlady Stevanovitch nous avait accordé cette interview quelques années avant de nous quitter. C'est donc là un document émouvant, témoignant de la joie de vivre de ce Maître et de son amour sans faille pour cette Réalité à laquelle l’intellect ne donne pas accès.


Qu’est-ce que le Tai Chi Chuan ?

C’est avant tout une activité corporelle qui, selon les écoles, pourra avoir deux objectifs possibles : l’un, moderne, reposant sur l’exercice physique en vue de la compétition ; et l’autre, traditionnel, qui est la recherche de l’énergie vitale.

Cela dit, même dans la recherche du Chi, il y a des effets corporels. Le corps devient beaucoup plus libre, souple et vigoureux. Les articulations fonctionnent mieux et les muscles acquièrent une plus grande efficacité…

On peut aussi observer des effets dans le domaine mental : une plus grande concentration, une mobilisation de la volonté plus immédiate… Et surtout, plus de vitalité et de joie de vivre.

Et tous ces effets sont vérifiables dès la première leçon de Tai Chi Chuan !


Comment cela se pratique-t-il ?


Le Tai Chi Chuan est d’origine martiale. A une époque lointaine, il était destiné au combat. Mais aujourd’hui, les gestes de combat sont stylisés. Ils se font au ralenti. Il y a une recherche d’équilibre, de coordination du mouvement avec la respiration et, dans notre école surtout, une coordination du mouvement avec la circulation du Chi dans le corps.


Comment peut-on percevoir le Chi ?

Jusqu’à très récemment, en Occident, le Chi n’était qu’une théorie. On ne le percevait pas. On en entendait parler. C’était généralement une théorie sous-jacente à l’acupuncture.

Il a fallu quelques maîtres de notre époque pour nous révéler ce qu’était le Chi, nous le faire percevoir et nous apprendre à nous en servir.

Nous savons donc maintenant que le Chi a quelque chose de concret.

Mais, contrairement à toutes les disciplines enseignées en Occident, la perception du Chi ne passe pas par un apprentissage intellectuel. Il n’y a aucune théorie, rien à apprendre, seulement une faculté corporelle propre à tous les être vivants mais que notre état d’être humain nous permet de développer.


De quels repères sensibles disposons-nous pour apprendre à le cultiver ?

Comme tout ce qui est perçu, le Chi l’est également par les sens. Mais c’est le sens tactile qui va être plus particulièrement conditionné pour percevoir le Chi. La main étant beaucoup plus sensible que le reste du corps, on va s’exercer à sentir le Chi avec la main.

Grâce à la pratique, cette main devient un détecteur des vibrations et des courants énergétiques de l’espace. En forme de gueule de tigre, libre de la moindre tension, elle fonctionne comme une véritable antenne parabolique. Elle capte à distance d’innombrables informations. Elle est l’instrument de la perception consciente du Chi. Et ça se voit ! Si vous êtes observé par un expert chinois pendant que vous faites votre Tai Chi, ne vous souciez pas de vos mouvements, ni même de votre équilibre. Ce sont vos mains qu’il observera. Ce sont elles qui lui révéleront le degré de votre compréhension du Tai Chi et le niveau auquel vous êtes arrivé.

Par ailleurs, la source individuelle du Chi de l’être humain se trouve dans le Tan Tien, le ventre, ce centre du corps et ce lieu privilégié de focalisation de toute l’énergie vitale. Le Tan Tien est également le centre de gravité du corps, là où sont subies les effets de la loi de l’attraction universelle.

C’est donc avec la main que l’on scrute les messages de l’espace, et c’est dans le Tan Tien qu’on les reçoit. Quelle que soit la position des bras, l’écoute des mains est destinée au ventre. Pas à la tête.

La main perçoit des vibrations dans l’espace. Ce sont d’innombrables courants énergétiques parmi lesquels elle distingue infailliblement ceux qui sont favorables au déroulement de la forme, à l’aisance du mouvement, à l’équilibre, au bien-être du pratiquant. La main reçoit ce courant qu’elle transmet au Tan Tien. Le Tan Tien est littéralement attiré dans le sens du courant favorable. Il oriente le corps. Et c’est en déplaçant son centre qu’on navigue dans l’espace.

Voilà comment on peut apprendre à sentir le Chi ! Et cela dès les premières leçons, ce qui est généralement vécu par l’élève débutant comme une véritable révélation ! De là découle très rapidement un changement radical dans les perceptions et les attitudes, parce qu’on sent enfin quelque chose qui passait totalement inaperçu avant.


Mais, pour le débutant, comment faire la différence entre la perception réelle et ce que son imagination pourrait créer ?

En Occident, nous sommes attachés à l’objectivité. Nous sommes des cartésiens, nous voulons tout vérifier, nous doutons de tout. Et c’est là le grand obstacle dans le travail du Chi.

Au début, on ne distingue pas ce qui est imaginaire de ce qui est réel, car pour le corps l’imaginaire et le réel sont une seule et même chose.

Il faut donc d’abord se libérer de ce conditionnement cartésien, et accepter que l’influence de l’imagination aide la perception, ce qui, d’ailleurs, est un processus normal.

Mais si, au début, on doit effectivement s’aider de l’imagination pour sentir le Chi, par la suite la perception directe devient évidente, surtout lorsqu’on a senti différents niveaux et qualités de Chi, ou lorsqu’on s’est trouvé agressé par le Chi sans qu’il y ait la moindre agressivité extérieure de la part de quelqu’un. A ce moment là, on ne peut plus en douter.


C’est en quelque sorte le prolongement du sens psychologique ?

Là, nous distinguons encore le psychique du corporel. Mais lorsqu’on a admis que les deux ne font qu’un, c’est simplement la manifestation de la vie.


Comment cultiver le Chi ?

Il faut un enseignant pour vous guider. J’ai écris des livres dans lesquels je donne de nombreuses techniques de manipulation du Chi ; mais dés la première page je souligne que sans instructeur qualifié il est impossible d’accéder à ces techniques et de les pratiquer correctement.

Ensuite, c’est une affaire de travail. On travaille le Chi quotidiennement, comme on travaille un instrument de musique.

Ces deux conditions remplies, on peut atteindre et développer certaines facultés corporelles qui sont inaccessibles autrement, et surtout une compréhension différente de la vie. On voit ce qui est important dans l’existence. Et cela est pour moi essentiel !

Lorsqu’on s’est sensibilisé au Chi, la compréhension verbale n’a plus de sens. On voit les choses, ce sont des évidences qu’on n’a pas besoin d’expliquer.


Est-ce que le Tai Chi peut être thérapeutique ?


On ne peut pas, avec le Tai Chi Chuan, soigner une maladie précise, mais c’est toute la santé qui se modifie. Dans ce sens, on peut presque considérer le Tai Chi comme une panacée, toujours efficace, qui agit aussi bien sur le mental que sur le corporel.

Evidemment, il y a des cas où c’est trop tard, où il n’y a plus rien à faire ; mais un pratiquant de Tai Chi Chuan n’attrape généralement aucune maladie grave.


Existe-t-il des contre-indications ?

Oui, absolument ! Comme tout, le Tai Chi Chuan peut nuire, et même être dangereux s’il est pratiqué par des personnes qui ont des problèmes.

Le plus souvent, la culture du Chi met en évidence un trouble préexistant dont on n’était pas conscient. Le Tai Chi est donc un grand révélateur.

Mais il est aussi contre-indiqué aux personnes psychologiquement déséquilibrés qui, lorsqu’on leur fait travailler le Chi, ont des crises terribles.


Quels sont exactement les dangers d’une mauvaise utilisation du Chi ?

Un mauvais usage accidentel du Chi peut provoquer des malaises et des douleurs que la médecine n’a pas le pouvoir de soigner. Ils peuvent être très désagréables, mais ils passeront.

Par contre, lorsqu’on s’aventure dans l’exploration du Chi sans être guidé, ça peut être plus grave.


Comment en êtes-vous venu à pratiquer le Chi ?

C’est une longue histoire. J’ai tout d’abord connu un maître de Chi, à l’âge de quinze ans, alors que j’avais des problèmes de souffle en apprenant à jouer de la clarinette. Ce maître m’a guidé dans ce travail que j’appliquais, sans trop le comprendre, au profit de mon activité musicale.

C’est bien des années après, tout en continuant à pratiquer les exercices qu’il m’avait appris, que j’ai enfin compris de quoi il s’agissait.

Je travaillais depuis une bonne trentaine d’année dans le domaine du Chi, lorsque j’ai rencontré, à Bruxelles, un maître chinois qui faisait quelque chose que je ne connaissais pas : du Tai Chi Chuan.

J’ai évidemment reconnu là un travail sur l’énergie vitale, et je lui ai immédiatement demandé s’il voulait me prendre pour élève. Il était très étonné mais a accepté. J’ai donc tout laissé tomber pour le suivre, et je suis resté avec lui pendant plusieurs années, travaillant intensivement matin et soir.

Cet homme n’expliquait rien, il montrait, disant simplement « follow me ». Heureusement, ayant une très longue expérience du Chi, je pus facilement suivre son enseignement, que j’ai conservé et que je transmets à présent.


En quoi consiste votre école ?

Ce qui nous distingue avant tout, c’est un travail intensif de recherche du Chi. Dans les autres écoles, ça se fait aussi, bien entendu, mais avec beaucoup moins d’insistance, et sans faire un travail séparé sur le Chi.

Dans un de nos cours, il y a deux phases : une première où l’on travaille sur le Chi en posture assise, et une seconde de mise en pratique, debout, avec les mouvements.

Ce qui nous distingue encore, c’est que nous refusons toute compétition, tout affrontement, même toute simulation de combat. C’est un travail qui se fait sur soi-même, en ne s’opposant à personne, ni en essayant d’être meilleur que qui que ce soit.


L’approche du Chi est-elle différente pour un Occidental et pour un Oriental ?

Bien sûr ! Les Orientaux ont ça dans leur culture et dans leur vocabulaire. Nous, nous disons « bonjour » ; eux, ils disent « bon Chi ».

Ce sont des notions qui sont là depuis la naissance ; et il n’y a, par conséquent, rien à leur expliquer. Il suffit de leur montrer des techniques.

D’autre part, en Orient, on suit. On n’essaie pas de prouver ni de comprendre, on essaie d’apprendre, de faire comme le maître.

Pour les Occidentaux c’est très différent. Il faut d’abord briser ce mur de l’objectivité et du doute. Mais, une fois que cette résistance a cédé, l’apprentissage des techniques est identique. On dit même que les Occidentaux sont avantagés parce qu’ils sont obligés, par leur éducation, de tout analyser. Or, il se fait que, lorsqu’on a bien analysé une technique, on l’assimile beaucoup plus facilement et on progresse beaucoup plus vite.


Propos recueillis par Jean-Baptiste Loin
http://www.reponsesbio.com



Bio et bien être
Bien Etre
Massage - Video Massage
annuaire blog
Blog